J’ai pris beaucoup de plaisir à regarder le reportage réalisé par la BBC à la fin des années 1980 sur le voyage julesvernesque de l’ex-Monty Python, Michael Palin. A un moment donné (dans le premier épisode) on lui donne un conseil très « britannique » alors qu’il s’apprête à faire le tour du monde : surtout ne pas tenter de parler aux locaux dans leur langue, vous le ferez forcément moins bien qu’eux ; parlez votre langue, vous garderez votre dignité, votre flegme. Si un tel conseil peut faire sourire, il n’en reste pas moins qu’on a parfois l’impression, alors qu’on maîtrise à peine la langue de l’autre, de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir tout dire. Ce qui est tout à fait normal après tout. J’ai vécu une telle situation alors que je jouais avec une fille de 3 ans : elle parlait mieux le catalan que moi ; je me sentais un peu bête, ou en tout cas un peu frustré tant je peinais à m’exprimer convenablement. Et je me souviens, je n’ai pas pu m’empêcher d’être admiratif tant elle s’exprimait avec aisance en catalan. Elle m’aurait parlé en anglais ou en français, j’aurais trouvé ça normal ; mais là, du haut de ses 3 ans, elle était à l’aise dans une langue étrangère (pour moi je veux dire, pas pour elle bien évidemment). Cela me rappelle l’histoire que me racontait un vieux monsieur anglais (mon ancien instituteur pour tout vous dire) qui, enfant, découvre lorsqu’il voyage en France pour la première fois un perroquet particulièrement doué : non seulement le volatile en question parlait, mais il parlait français. Certes, il ne faisait que répéter « le chien est noir wa wa wa », mais pour le petit Anglais parlant à peine français, c’était déjà une belle phrase en langue étrangère. Trop fort le perroquet !