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Good game

En regardant la finale de la coupe du monde de rugby féminin (Angleterre – Nouvelle-Zélande, 26/08/17), on aurait pu s’étonner (ou pas, selon qu’on est chauvin ou non) du fait que les commentateurs se disent heureux que les Anglaises perdent pour ainsi venger les « good game » entendus sur la pelouse après leur victoire sur la France en demi-finale. Ce ne serait donc pas tant la défaite que l’attitude des joueuses anglaises qui serait restée en travers de la gorge. Ce « good game », qui a semble-t-il marqué des générations de sportifs et commentateurs français, serait la preuve de l’arrogance des Anglais : des gens qui consolent perdants et gagnants de la même façon, en concédant qu’ils n’ont pas trop mal joué. Du  moins c’est comme cela qu’on le perçoit de côté-ci de la Manche. Il est sans doute vrai qu’à l’époque de la grande rivalité rugbystique entre Français et Anglais, le « good game » dans la bouche d’un joueur comme Will Carling pouvait être particulièrement difficile à  entendre (voir ce blog, par exemple ; ou bien cet article – surtout, n’oubliez pas de lire les commentaires dans les deux cas). Mais au fond, pour l’Anglais lambda proférant un simple « good game » à la fin d’une rencontre sportive, il n’y a ni arrogance ni humiliation, c’est une simple formule que l’on dit aux adversaires à la fin du match au moment de leur serrer la main quel que soit le score. Tout comme on disait autrefois « good day » aux gens lorsqu’on les rencontrait. Finalement, quand on y pense, ce n’est pas si différent du « bonjour » français que l’on dit même si c’est un très mauvais jour. Les Français sont-ils si présomptueux ou arrogants pour présager de la qualité du jour (écoulé ou à venir) de l’autre, ou pour imposer leur jugement ? Un tel questionnement peut paraître ridicule aux yeux (ou aux oreilles) d’un Français. C’est pourtant le genre de questionnement que pourrait avoir un apprenant. Je me souviens encore du regard incrédule de la mère d’une famille d’accueil en France lorsque je suggérais de dire autre chose que « BON jour » alors qu’il faisait un temps franchement moche... Les formules ont tendance à perdre le sens de leurs constituants pour les locuteurs natifs, là ou des non-natifs peuvent encore les décortiquer, à tort ou à raison. Les exemples sont légion quand on y pense, qu’il s’agisse de petites formules ou d’expressions comme le fameux « je suis très à cheval sur la literie » (réponse : « à cheval ? ») dans le film La grande vadrouille (à 01:15:18).

A lire aussi : « Les carottes sont cuites ».

Tag(s) : #Divers