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(Première version de l'article: 12 février 2012)

Le commentaire posté par Sophie le 4 février fait penser à la problématique de l’alignement constructif de John Biggs (voir Biggs 2003 ; Biggs & Tang 2007). L’alignement constructif (désormais AC) emprunte au constructivisme et à l’approche dite « systémique » dans l’enseignement. Le constructivisme, que l’on associe surtout aux travaux de Jean Piaget, met l’accent sur le point de vue de l’élève sur ce qu’il apprend, comment il voit les choses, comment il agit, comment il construit son savoir. Le fait d’acquérir du savoir prend source dans les activités d’apprentissage de l’élève, et non dans celles de l’enseignant. L’apprentissage est vu comme une interaction : l’élève interagit avec un monde qui l’entoure, acquiert des informations, leur donne une certaine structure et ainsi construit son savoir.

L’approche systémique dans l’enseignement vise à développer une vision globale des problèmes ou des systèmes (notamment au-delà des cloisons disciplinaires) afin que l’élève puisse mieux construire son savoir. Opposée à une approche dite « analytique » (mais sans pour autant la bannir), qui met l’accent sur les détails fins, locaux, l’approche systémique place l’importance plutôt sur les objectifs « macro » dans l’apprentissage. Ainsi, avec l’approche systémique, un élève novice est censé faire sens plus aisément des choses nouvelles qu’il rencontre dans la mesure où il va les relier au cadre plus large régissant son apprentissage. Du point de vue de la pédagogie, on insiste sur une démarche « alignée », où on veille à ce que les différentes composantes dans un système d’apprentissage coexistent harmonieusement pour les différents acteurs présents.

Pour Biggs, les pratiques dominantes des enseignants (réifiées par les institutions, par les attentes de certains secteurs de la société, etc.), et en particulier les façons et les raisons de recourir à de l’évaluation, ne profitent qu’à une minorité d’apprenants, c’est-à-dire à ceux qui, instinctivement, déploient des stratégies d’apprentissage dites « profondes », qui mobilisent « naturellement » des processus cognitifs propices à l’apprentissage par eux-mêmes. Biggs souligne que ce type d’apprenant était majoritaire dans l’éducation il y a plusieurs siècles (voire plusieurs décennies dans le cas de l’université) mais que, depuis la création de systèmes éducatifs massifs en occident, la majorité des élèves, ne pouvant pas déployer instinctivement certaines stratégies, n’apprennent pas tout ce qu’on pense leur enseigner… L’AC œuvre donc pour un apprentissage de type « profond » qui serait accessible pour tous les élèves car proposant un parcours « inévitable » (l’élève doit passer par là pour apprendre) en jouant sur la configuration (alignement) des différentes composantes dans l’apprentissage-enseignement.

Mais l'alignement des différents élements et acteurs dans le dispositif d'apprentissage n'a rien d'évident et peut changer en fonction des objectifs. Par exemple, dans l'image qui suit, l'étudiant pourrait passer sur la table, ou bien il pourrait descendre de sa chaise et faire le tour de la table. Autrement dit, si on doit lui demander de respecter un alignement donné, il faudrait que celui-ci soit le plus clair, le plus adapté aux objectifs identifés, quels qu'ils soient (par ex. vaincre son vertige, penser au positionnement des meubles pour mieux accéder à la corbeille, etc.).

Alignement constructif

Voir le film de C. Braband (en trois parties avec sous-titres en français). Dans ce film, qui met en scène la notion d’AC dans l’apprentissage à l’université, on voit comment deux types d’apprenants (deux cas extrêmes, volontairement stéréotypés) se situent par rapport à certaines activités et pratiques d’enseignants (toutes aussi stéréotypées !).

http://www.youtube.com/watch?v=lR3ZPEcJgDs&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=2GYDGrNJRy8&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=fV053LPObjo

Tag(s) : #Divers