L'article "Ecrire ensemble" a suscité un certain nombre de réactions, de commentaires. Cet article est en réalité un commentaire de BigBen incluant un exemple de travail d'écriture collective.
L’article s’appelant « Écrire ensemble », je vais me permettre de donner mon point de vue sur les réflexions en me référant justement à une activité d’écriture en groupe de 5 que j’ai mise en place avec mon binôme en classe de FLE, néanmoins sans impliquer de TICE, juste une feuille et un crayon.
Je confirme qu’il s’agit d’une tâche intéressante et difficile à mettre en place: intéressante car chacun des 5 apprenants a dû écrire (on remarque d’ailleurs tout de suite plusieurs styles, plusieurs « façons de faire », etc). Et difficile car il y a effectivement un certain déséquilibre au moment de la rédaction (l’un écrit, les autres font des suggestions, offrent des mots, des phrases).
Dans cette écriture collective (voir l'exemple plus loin), pas de distance puisqu’ils étaient par groupe de 5. On note qu’il y a une cohérence d’ensemble, et que les paragraphes de chaque apprenant sont liés sémantiquement. On aboutit vraiment à une histoire créative. Et attention les yeux, avec une syntaxe juste superbe (qui n’est pas forcément la même dans leur devoir maison) et une imagination débordante. Cette activité de groupe autours de l’écriture nous montre que les apprenants ont dû se corriger les uns les autres, ils ont donc été le centre de leur création et apprentissage.
Effectivement, je vais aller dans ton sens Marie (voir le commentaire de Marie, le 07/11/2012, « Écrire ensemble »), le résultat est certes frai mais moins spontané que s’il y avait eu une distance. Il serait donc intéressant de faire interchanger les feuilles de groupes en groupes et de voir le résultat. (Établir une pseudo-distance)
On note également une grande créativité et on suppose que les apprenants se sont complétés les uns les autres. Donc, je vais contredire l’idée d’Axel (voir le commentaire d'Axel, le 07/11/2012, « Apprentissage incident ») mais au fil de la rédaction, ils se sont surpris en découvrant à la fois les idées et les écrits des autres et ont joué là-dessus dans la construction de l’histoire. Ce qui était inévitable puisque ils ont dû réfléchir ensemble (principe du puzzle, chacun y met sa pièce pour créer un tout). Côté motivation d’ailleurs, on a pu voir leur satisfaction d’avoir accompli une tâche ensemble lorsqu’ils nous l’on rendue.
Autre précision, Marie, notre activité autour des contes où l’on a pu faire discuter les apprenants sur les différentes versions du conte (interculturalité) nous a montré que l’argument selon lequel chaque culture a sa propre version unique d’un conte n’est pas forcément vrai. Certes il y a des versions différentes des contes selon les cultures, et des variations, mais j’ai constaté que plus de deux apprenantes de cultures différentes partageaient la même version du conte en question.
Au regard de ces observations de terrain, il apparaît que l’exercice d’écriture commune sans distance est un exercice qui plaît aux étudiants, qu’ils font preuve de créativité et d’imagination, qu’ils apprennent les uns des autres en se corrigeant et se complétant, les déséquilibres ayant été positif si l’on considère le résultat final qui est, d’ailleurs, tout juste superbe. Par contre je vous rejoins le résultat est certes frais mais moins spontané que s’il y avait eu une distance. La distance peut donc être positive pour ce qui est de la spontanéité et négative pour ce qui est de l’apprentissage des autres dans la dynamique d’un groupe.
Ce qu’il faut donc trouver, c’est une activité combinant distance (et donc spontanéité) avec de l’apprentissage par les autres. Par exemple, un apprenant envoie par mail son écrit de quelques lignes à un autre étudiant qui le corrige et le complète et l’envoie à un autre apprenant qui fait de même. (seul bémol le dernier apprenant aura une tâche phénoménale alors que le premier n’aura presque rien fait). Ou bien tout simplement l’écriture collective du conte en CAO mais où les étudiants pourraient se corriger les uns les autres ou développer les phrases des autres. Avec toujours un surlignement pour voir là où il y a eu rajout ou correction.
Une question toutefois, avec la CAO, qu’est-ce-qui est fixé dans la tête de l’apprenant ? On sait que l’écriture fixe les mots. Mais en matière d’acquisition, est-ce-que les corrections effectuées par les autres camarades seraient gardées en mémoire ? Et les corrections seraient-elles justement correctes ? Et que se passe-t-il pour ces apprenants qui, une fois l’écran éteint, on déjà tout oublié du virtuel ? (voir l'article « Evaluation trop conventionnelle ? » sur le rôle de l'évaluation dans l'apprentissage/acquisition)