Comment la langue vient-elle à l’apprenant ? Et comme le chercheur mesure-t-il les progrès en langue ?
Ces deux journées nous ont permis de réfléchir sur un certain nombre d’aspects concernant l’acquisition lors d’un séjour linguistique. Sur le plan méthodologique, les ateliers ont permis de voir comment, à partir d’un ensemble de tâches et de questionnaires, il est possible de cibler différents points, tant linguistiques ou discursifs (utilisation des temps verbaux, structuration du récit, etc.) qu’ethnographiques (quels mots, quels ressentis ? quels problèmes, quelles expériences, etc. ?).
Les premiers résultats du projet LANGSNAP sont intéressants et nous ont permis de faire un certain nombre de rapprochements avec ce qui a été dit par d’autres intervenants (notamment J. Caillier et M. Deneire). Premièrement, il semblerait que la personnalité de l’apprenant (qui il est, ce qu’il fait pour apprendre quand il est en situation de séjour linguistique, etc.) joue un rôle capital (on peut penser notamment à la question de la motivation – voir « TIC et motivation », 26/09/2012). Il y a par ailleurs un ensemble de comportements qui semblent progresser lors du séjour linguistique, comme par exemple la « fluence » en langue (abordée surtout sous son aspect temporel – débit et absence de pauses silencieuses) ou encore la « diversité lexicale » (nombre d’items nouveaux par rapport au nombre total de mots utilisés) à l’oral.
Mais il y a d’autres domaines où les progrès sont moindres voire inexistants, notamment au niveau de l’écrit. Ainsi, par exemple, dans la présentation de K. McManus, l’analyse du lexique n’a pas révélé de progrès significatif entre la période précédant le départ à l’étranger et celle suivant le retour. Cet aspect a également été commenté par M. Deneire dans l’analyse des impressions des apprenants et des enseignants : ceux qui partent à l’étranger avancent bien au niveau de la communication orale, mais seraient moins bons à l’écrit après le séjour linguistique. D’où la réflexion sur l’(in)utilité du séjour à l’étranger pour des apprenants dont l’objectif principal est de passer un concours (exercice fondé sur une bonne maîtrise de la langue écrite surtout) et non d’acquérir davantage d’aisance au niveau de la communication.
Concernant la question des réseaux sociaux (c’est-à-dire la somme des échanges en langue : avec qui on interagit, quand, avec quelle fréquence ?) traitée par L. Richard, les questionnaires ont révélé le rôle très important (inattendu même) des TIC dans le maintien des réseaux L1 au dépens des réseaux L2 : un apprenant maintient ainsi pendant le séjour linguistique son réseau social en L1 via les réseaux virtuels tels que Facebook. De telles pratiques ne semblent pas être bénéfiques pour l’acquisition de la L2 dans la mesure où elles ne favorisent pas la participation sociale en L2.
Rendez-vous à Southampton en avril pour la suite des résultats! Pour plus d'informations sur le colloque LANGSNAP, cliquer ici.
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