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3 témoignages à expertiser

Je vais évoquer un choc linguistique dans ma langue maternelle. Il s’agissait des premiers cours à l’université de médecine. Plus particulièrement les cours de chimie organique, nous avons à l’intérieur de cette UE un cours de nomenclature. Cela nous permettait de nommer et de décrire spécifiquement le comportement des molécules. Je n’y étais pas préparé, car au lycée nous avions vu comment reconnaître certains atomes de base : le carbone, hydrogène, l’oxygène, azote. Ainsi que la composition avec les protons chargés positivement, les neutrons et les électrons chargés négativement. Des notions seulement basiques. Lors des premiers cours à la fac, le professeur nous a donné un premier cours de « révision » pour ensuite rentrer dans le corps du sujet. Cependant, nous étions de nombreux étudiants à ne pas avoir abordé les groupes fonctionnels des molécules. Il était donc compliqué de reconnaître ces groupes sur le squelette carboné tel qu’un groupe ester, alcyne, alkyles, éther-oxyde …
J’ai donc dû m’adapter rapidement, car le professeur partait du principe qu’il s’agissait des éléments maîtrisés pour la suite du cours.
Je me suis donc mis à apprendre par cœur le tableau de nomenclature, j’ai regardé des vidéos sur YouTube qui expliquaient comment reconnaître des molécules. J’ai utilisé également des exercices en ligne où une molécule est représentée en formules brutes et je m’entraînais à l’écrire en formule semi-développée, développée en respectant la règle de l’octet. 
Pour finir, avec une amie dans la même filière que moi, nous organisions des séances d’entraînement ensemble. Nous pouvions ainsi nous aider mutuellement et cela était plus motivant que de travailler seul.

Mais je n’étais qu’au début de mes peines : dès le lendemain, je commençai donc à découvrir les spécificités de chargée d’accueil des touristes et serveuse, que j’allais exercer les 3 prochains mois durant. J’ai donc rencontré ma tutrice, Marina, dont je découvrais la bienveillance qui allait m’être si salutaire lors des premières semaines d’adaptation à mon nouveau métier. Elle m’entraîna donc dans les cuisines pour me présenter à tout le personnel, dont même lors de mon dernier mois de stage je ne parvenais toujours pas à comprendre les blagues, puis elle me fit faire un tour du restaurant, des locaux et des jardins, sans s’arrêter de parler pour me donner les premières recommandations et m’indiquer la marche à suivre dans l’espoir de me rendre opérationnelle rapidement. Presque essoufflée, je tentais de noter chaque mot, chaque phrase, chaque expression dans les notes de mon téléphone, ne distinguant pas dans l’urgence ce qui allait réellement m’être utile de ce qui relevait de l’anecdote. Epuisée, harassée, je terminai le premier jour de mon travail avec un l’impression décourageante de me trouver au pied d’un mont Everest lexical, découvrant pour la première fois mon impuissance face à une langue que je connaissais sans connaître. 
Toutefois, je n’étais pas au bout de mes peines : j’appris dans la semaine qu’il fallait, en les servant, présenter chaque plat et leur composition aux clients exigeants et élégants du restaurant. S’il y avait bien un domaine linguistique sur lequel je ne m’étais pas penchée, c’était celui de la nourriture.

L'une des premières situations difficiles a été celle où je devais expliquer ma situation et donner des informations pour un interview. Je manquais totalement de vocabulaire politique etc. pour décrire ce qui se passait dans mon pays.
Ensuite, l'un des grands défis a été de comprendre comment remplir les documents en France. En Ukraine, tout est rapide et se fait en ligne : il suffit de remplir quelques lignes comme le nom et le prénom et ce sera automatiquement rempli. Ici, pour la préfecture, l'école, l'université, la carte SIM ou encore la carte de transport, les démarches étaient bien plus longues et complexes. Certains mots ou termes administratifs m'étaient totalement inconnus, car ils n'existent pas chez nous. De plus, lorsque j'assistais à des entretiens avec mes sœurs pour leur inscription dans des établissements scolaires, je ne comprenais pas toujours bien les explications sur le fonctionnement des collèges et lycées français.  
Chaque fois que je voyais des abréviations en français, je cherchais immédiatement leur décodage et leur signification sur Internet...
Finalement, ce qui m'a aidée, c'est la pratique. Les traducteurs en ligne ne sont pas toujours fiables, alors il fallait essayer, se tromper, reformuler. Aujourd’hui, j’ai réussi à m’adapter. Je n’ai plus de problème pour m’exprimer, je peux expliquer ce dont j’ai besoin en utilisant des synonymes ou en décrivant les mots que je ne connais pas. L’administration française ne me semble plus aussi compliquée. Ce que cette expérience m’a appris, c’est que dans mon cas, il fallait simplement traverser cette période, apprendre sur le terrain et accepter l’adaptation comme un processus nécessaire.

 

Premières impressions

Vous arrivez dans un pays pour la première fois : comment cela s’est passé (réponses individuelles) ? Et étiez-vous préparé(e) à vivre cette situation ? Décrivez les lacunes. Mais aussi pouvez-vous expliquer comment vous avez fait pour adapter ce que vous saviez faire/dire déjà aux nouvelles situations ? (quelles pratiques, quelles aides, quels besoins et stratégies ?) Il est important que chaque individu réponde à part car j’imagine que pour certains ces réponses seront plus « faciles » que pour d’autres. A nous d’analyser les raisons derrière ces différences par la suite.

https://mensuel.framapad.org/p/fospad280125-aciw

 

Activité

Répondre aux questions. Lisez les réponses des camarades. Est-ce que tout le monde vit ces premiers moments de découverte de la même manière ? Quels sont les éléments récurrents/partagés ? Quelles lacunes ? Quelles frustrations ? Mais aussi, quelles méthodes/stratégies pour s’en sortir ?